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Blue Period ou l’Art de transmettre sa Passion
BLUE PERIOD
Yamaguchi Tsubasa • Japon • 2017 • Drame, Tranche de Vie, Art • 5 Tomes (en cours)
Yatora est un lycéen banal qui n'a pas vraiment d'ambition. Un jour, il aperçoit par hasard le tableau peint par une camarade de classe en cours d'arts plastiques : un événement qui va bouleverser sa vie et le projeter dans des sphères où il n'aurait jamais pensé entrer !
Mon avis (Tome 1 à 4)
Cela fait bien longtemps que je n’avais pas pris le temps de rédiger une critique sur une œuvre que j’apprécie, et pourtant ce ne sont pas les coups de cœur qui ont manqué. Cette année a été une année particulièrement riche, que cela soit au niveau de la quantité que de la variété. Mais aujourd’hui, j’ai eu l’envie de revenir sur un titre bien spécifique dont l’adaptation animée vient à peine de débuter, il s’agit de Blue Period.
Je ne suis pas quelqu’un qui soit forcément attirée par ce genre de manga. Je dois bien avouer que voir des héros ou héroïnes progresser dans leur domaine ne m’intéresse guère, notamment si le dit domaine ne me parle pas plus que cela. Ou alors il y a l’exact opposé où l’on suit le parcours de génies dont le talent fascine autant qu’il effraie, mais là aussi, ce n’est pas ma tasse de thé et je peux même admettre que cela m’ennuie profondément.
Au final, si j’ai décidé de lire Blue Period, c’est parce qu'on m’en a donné l’opportunité. Malgré tous les éloges qui pleuvaient à son sujet, je n’en attendais pas grand-chose et ce n’est pas plus mal car ce titre a été une superbe découverte !
La bande dessinée a réussi à me combler sur bien des aspects et pourtant ce n’était pas gagné, car on vendait le manga, du moins le premier tome, comme particulièrement lourd à lire tant la quantité d’informations sur l’art était importante. Et ce n’était clairement pas un renseignement erroné, oui il y a énormément d’explications, mais l’autrice rend le tout incroyablement passionnant. À aucun moment je n’ai trouvé la lecture ennuyante ou trop chargé en texte, et j’ai pris un plaisir inattendu à apprendre en même temps que Yatora, toutes les techniques et secrets que pouvaient cacher la pratique du dessin et de la peinture.
Ce qui me fait rebondir sur un point du manga que j’aime énormément. Dans ce récit, tout n’est pas question de talent. J’ai pu réaliser grâce à cette histoire que la peinture est bien plus complexe que je ne le croyais et qu’il ne suffit pas d’être juste bon pour y arriver. Il faut connaître et apprendre un tas de choses, et parfois ce sont juste des détails qui peuvent faire la différence. Bref, ici on ne s’attarde pas sur des aptitudes innées qui feraient de certains artistes des maîtres dans leur domaine. Ici on prouve qu’avec un peu de motivation et surtout beaucoup de passion, tout le monde peut y arriver et je trouve que c’est un merveilleux message car il est porteur d’espoir. Notamment dans ce domaine qui semble parfois assez inaccessible aux yeux de nombreuses personnes quand on voit l’aisance avec laquelle certains arrivent à exceller dans cet art.
Autre point important que je souhaiterais aborder est le héros. C’est un personnage que j’apprécie énormément car on n’est pas face à un pauvre petit jeune fragile et très sensible qui va trouver une véritable échappatoire dans la peinture. Ici on a quelqu’un qui n’a juste pas d’ambition, qui est plutôt bon élève et qui a des amis. Il se comporte comme il pense que les autres aimeraient qu’il soit, il fait sa vie sans vraiment se soucier du reste. C’est au final un « Monsieur tout le monde » et cela est grandement plaisant. D’autant plus que même s’il va redoubler d’efforts pour rattraper le retard qu’il a, ses prouesses ne seront jamais considérés comme épatantes, la motivation dont il va faire preuve est considérée comme normale et bon sang que ça fait du bien. Les héros qui s’acharnent à vouloir s’améliorer quitte à passer la nuit à s’entraîner sont souvent très présent dans ce type de manga, et ça me dérangeait beaucoup de voir toujours des personnages abasourdis par tant de dévotion alors que dans la vie réelle, on trouve cela normal de se donner à fond pour ce qui nous passionne.
On peut ainsi facilement se reconnaître dans Yatora car il fait des erreurs que nous-même pourrions faire comme le fait qu’il ne va pas hésiter à rester dans sa zone de confort dès qu’un professeur va trouver une de ses toiles très réussie. C’est le genre de détail qui peut sembler anodin mais qui pour moi est essentiel pour qu’on puisse ressentir et comprendre le même genre de sentiments que le protagoniste dont on suit le cheminement. La passion du héros est d’ailleurs extrêmement communicative, le manga donne vraiment envie de se lancer nous aussi dans cette activité qui semble si exaltante. Surtout que son affection vis-à-vis de ça est très bien retranscrite dans cette œuvre, la peinture le prend vraiment aux tripes et il n’hésite pas à baisser sa garde et montrer sa sensibilité lorsque quelqu’un lui fait une remarque négative sur ses créations.
Outre le parcours de Yatora, on observera également un bon nombre de personnages secondaires, tous tiraillés par des problèmes différents mais qui restent prenants à lire. Puis on a tout le coté concours vachement intéressant à suivre, notamment quand on sait que certains personnages visent des écoles dont le nombre d’entrées est limité. Découvrir tout ce qui entoure la pratique de la peinture et la préparation aux examens rend la série terriblement addictive et on tourne les pages à une vitesse folle pour savoir ce dont il adviendra de ce beau monde qui constitue le manga.
Blue Period est une expérience que je ne peux que vous conseiller de tenter. C’est une BD captivante qui sait mettre en avant, et avec une grande aisance, toute la passion dévorante qui entoure les personnages pour un art plus complexe qu’il n’y parait. C’est riche, saisissant et aussi parfois étonnamment émouvant, un titre qui vaut clairement le détour !
Connaissez vous ce manga ? Si oui, qu'en avez vous pensé ?
Tags : mangas, seinen, critiques, japon, 2017, school life, tranche de vie, art, drame
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